Qu’est-ce qui doit changer pour que nos démocraties “veuillent” résoudre la crise environnementale ?
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En un mot, nous devons passer d’un système politique dominé par « la fabrique de l’ignorance » à un système dans lequel « la fabrique des connaissances » domine. Pour que cela arrive, nous avons besoin de mécanismes qui puissent éliminer l’avantage inhérent des politicien.ne.s qui utilisent des stratégies de duperie. Eliminer cet avantage est un point de levier à haut impact qui n’a pas encore été sérieusement actionné, ce qui est en soi une excellente nouvelle.
Les fausses informations peuvent être divisées entre celles qui sont détectées et celles qui passent inaperçues. Les fausses informations qui ne sont pas détectées contribuent à la boucle de la « fabrique de l’ignorance » (en bas du diagramme).
A mesure que la capacité des gens à discerner la duperie politique augmente, la part des fausses informations identifiées comme telles augmente aussi. Si l’on considère que personne n’aime vraiment être floué, plus les fausses informations sont détectées, moins les gens voteront pour la ou le politicien.ne utilisant ces fausses informations.
Selon Thwink, la cause profonde de la résistance du système politique aux lois environnementales est, aussi bizarre que ça paraisse, la faible capacité de la population à discerner le vrai du faux. Cette faible capacité n’est pas le fait d’un handicap individuel, mais le résultat de la structure du système.
Bien que cela puisse paraître contre-intuitif de prime abord, ce résultat prend tout son sens si on le regarde de près. Si les gens pouvaient discerner le vrai du faux, ils ne voteraient sans doute pas pour des élu·es qui gouvernent à l’encontre de leurs intérêts en s’opposant aux lois environnementales (et sociales). L’efficacité de la duperie politique, la cause profonde en d’autres termes, diminuerait, et notre système politique pourrait être dominé par « la fabrique des connaissances ».
A nouveau, personne n’aime être floué. Si l’environnement de l’information et la capacité des gens leur permettaient d’identifier les fausses promesses, les faux ennemis ou les fausses solutions, ils pourraient prendre de meilleures décisions et ne voteraient probablement pas pour des politiques qui les tromperaient.
L’environnement de l’information en place, et l’offre en matière d’information qui en résulte, font exactement le contraire, et nos démocraties n’ont aucun mécanisme pour éviter que cela ne se produise. Par conséquent, lnos systèmes politiques sont aujourd’hui des “fabriques de l’ ignorance”. Les politiques peuvent exploiter l’avantage inhérent des informations fausses ou biaisées, sans conséquences. Les algorithmes des réseaux sociaux — une technologie qui pourrait théoriquement contribuer largement à améliorer nos démocraties — diffusent de fausses informations à un rythme sans précédent, sans conséquences. Les journalistes, qui pourraient jouer un rôle clé en dénonçant les informations mensongères et en publiant des informations non biaisées, travaillent sous une pression incessante pour obtenir clics et profits, ce qui limite le temps consacré aux recherches approfondies (de nombreux journalistes effectuent tout de même un travail de qualité et jouent un rôle clé pour dénoncer les mensonges, contre vents et marées, et non sans risques !). L’éducation de la population pour discerner le vrai du faux ne figure en tête des priorités d’aucun programme politique.
Les acteurs du changement plaidant pour un meilleur environnement de l’information sont également rares. Dans l’ensemble, nous ne voyons pas à quel point notre démocratie, le succès d’autres luttes, et enfin notre bien-être (ainsi que notre survie ?) dépendent de la qualité de l’environnement de l’information. En raison de cet aveuglement, peu de personnes se battent pour le préserver.
Nous pouvons faire mieux
Les acteurs du changement pourraient s’associer pour exiger une information de qualité qui aboutisse à une démocratie dominée par la “fabrique des connaissances”. Les politiques pourraient alors s’affronter pour savoir qui saura fournir les informations les plus exactes, et qui fera pression pour les lois sociales et environnementales les plus ambitieuses. L’intelligence artificielle des réseaux sociaux pourrait alors être programmée avec l’objectif de soutenir la démocratie et le bien-être des citoyens. Les journalistes pourraient alors avoir les bonnes conditions pour exercer correctement leur travail.
Des lois environnementales ambitieuses pourraient, seulement à ce moment-là, enfin être adoptées.
L’article suivant porte sur la manière de concrétiser ces changements.
Cet article fait partie d’une série dont l’introduction se trouve ici.
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