L’internalisation des coûts est une poire
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L’internalisation des coûts pourrait être une solution à la crise environnementale. Si les entreprises internalisaient tous leurs coûts, nous ne nous trouverions pas dans la situation actuelle.
Sauf que nous en sommes là.
En espagnol, quand quelqu’un demande quelque chose d’impossible, on dit: “no le pidas peras al olmo”, ce qui signifie : “ne demande pas des poires à l’orme”. Ce proverbe illustre, à mon avis, la situation actuelle dans laquelle nous attendons du système quelque chose qu’il ne peut nous fournir : demander à notre système politique actuel d’évoluer vers l’obligation pour les entreprises d’internaliser les coûts environnementaux et sociaux revient à demander des poires à un orme.
En raison de la structure de notre système politique, la résistance aux lois visant à imposer l’internalisation des coûts environnementaux est plus forte que la somme des efforts de plaidoyer en faveur de ces lois. Par conséquent, les lois qui imposeraient aux entreprises de payer l’intégralité de leurs coûts ne passent pas.
Pourquoi en est-il ainsi ? Quelles sont les causes profondes de la résistance aux lois environnementales ? Après plus de 7 ans de recherche, Thwink.org soutient que la source de la résistance de nos systèmes politiques aux lois environnementales réside dans l’incompatibilité des objectifs des entreprises et la durabilité environnementale à long terme.
Le but de la plupart des entreprises à but lucratif est de maximiser les profits à court terme de ses actionnaires. Le but de la plupart des gens est de maximiser la qualité de vie pour eux-mêmes et leurs descendants. Ces objectifs sont incompatibles, car ils impliquent une compétition pour l’utilisation des mêmes ressources, qui sont par nature limitées. De cette compétition, les entreprises en sortent gagnantes, au détriment de la vie.
Laissez-moi vous donner un exemple pour illustrer une déclaration aussi audacieuse (et laissez-moi aussi vous dire que vous ne serez sans doute pas convaincu·e par celle-ci si le paragraphe précédent vous a ennuyé. N’hésitez pas à me contacter si vous avez envie d’en discuter). Notre bien-être nécessite qu’une forêt reste une forêt, parce qu’elle protège nos villes ou nos habitations des inondations, qu’elle purifie l’air, ou qu’elle nous permet de faire une balade sympa. Avec les « règles du jeu » actuelles, rien de tout cela n’aide les entreprises à maximiser leurs profits. Pour qu’une entreprise « fasse de l’argent » avec une forêt, elle doit transformer cette forêt en bois, car elle ne peut pas facturer la protection contre les inondations ou la qualité de l’air (ces services rendus sont des biens que personne ne paierait car chacun en bénéficie de toute façon. Qui plus est, lorsque ces services écosystémiques ne sont plus assurés, un marché pour la climatisation de l’air ou pour des mécanismes protégeant des inondations pourrait voir le jour).
Ceci conduit à une situation où les entreprises sont motivées pour convertir toute la forêt en bois, alors que l’idéal pour optimiser le bien-être serait sans doute de couper quelques arbres pour avoir du bois, mais dans une limite qui permette à la forêt de rester une forêt, offrant ainsi gratuitement protection contre les inondations, purification de l’air, loisirs et habitat pour les autres espèces (puisqu’il se trouve que nous ne sommes pas seuls sur cette planète).
Alors qu’un tel arrangement optimiserait notre bien-être, ce n’est pas ce qui se passe en réalité la plupart du temps. Ceci est dû au fait que les gens et les entreprises sont en concurrence pour les mêmes ressources, et que les entreprises réunissent, aujourd’hui, toutes les conditions pour gagner. L’objectif de profits à court-terme est donc celui qui est maximisé, au détriment du bien-être à long-terme des gens.
Vous pouvez cependant argumenter que c’est le cas précisément parce que les coûts ne sont pas internalisés, parce que les règles du jeu ne sont pas bonnes, parce que les entreprises dominent le système politique, parce que nous élisons des politiciens qui défendent les intérêts particuliers plutôt que le bien commun.
Tout cela est peut-être vrai, la question est de savoir pourquoi.
L’article suivant traite justement de cette question.
Cet article fait partie d’une série dont l’introduction se trouve ici.
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